
Depuis qu’ils sont arrivés à Burbure, André Groult et Frédérique Crochart vont rendre visite à leurs amis du coin à vélo.- Photo © PVC / Votre Info
Si vous les avez croisés ces derniers jours dans les rues de Burbure, vous les avez forcément remarqués, sur leur vélo, pédalant en mode globe-trotter. Ils sont arrivés cette semaine dans la commune, logeant chez Michèle Déprés, rue du Marais… Une amie de longue date.
André Groult et Frédérique Crochart, paysans-boulangers, septuagénaires, tout juste à la retraite, avaient promis qu’ils viendraient à Burbure, pour parler de leur long périple sur la Route de la soie. Alors ils ont l’un et l’autre enfourché leur vélo, pour effectuer le trajet des Deux-Sèvres aux Hauts-de-France, se poser quelques jours dans le Pas-de-Calais, se donner le temps d’une rencontre avec les habitants de la commune, avant d’effectuer la route du retour par quelques chemins de traverse.
Il ne faut que quelques minutes pour comprendre André et Frédérique qui ont décidé, il y a déjà quelques années de vivre autrement, pour aller à la rencontre des autres, pour que l’humain prenne l’ascendant sur l’égoïsme et la froideur, pour casser les idées reçues.
POLOGNE, ROUMANIE, ÉTATS-UNIS ET ROUTE DE LA SOIE
Elle, est originaire de Valhuon, lui, de Vitré (Ille-et-Vilaine). Installés sur une exploitation agricole d’une quinzaine d’hectares à Soudan (Deux-Sèvres), ils élevaient des chèvres, fabriquaient du fromage et faisaient du pain. Très vite, ils ont compris que la richesse intérieure est plus importante que la richesse pécuniaire. Dès 2011, ils effectuaient quelques voyages en Pologne, en Roumanie, à pied avec un cheval bâté ou à cheval… Lui faisait l’aller, elle le retour. Puis c’est ensemble, qu’ils sont partis. Embarqués sur un porte-containers au Havre, ils se sont rendus aux États-Unis qu’ils ont traversés, de Los Angeles au Nouveau-Mexique, à vélo et à cheval. Un an pour un voyage qui, forcément, en appelait d’autres.
Leur fils étant prêt à reprendre l’exploitation, ils ont décidé de tout céder et se sont remis en selle en décembre 2015, pour pédaler sur la Route de la soie… De l’Italie jusqu’à la Chine où ils n’ont malheureusement pas pu entrer, la frontière leur restant fermée. 22 000 kilomètres parcourus et une vingtaine de pays traversés sur l’aller-retour, entre autres l’Italie, la Croatie, la Slovénie, l’Albanie, la Grèce, la Turquie, la Géorgie, l’Iran… Un passage en Afghanistan, l’Ouzbékistan, le Kirghizistan… L’Allemagne aussi, sur le retour, où Frédérique est allée retrouver André après avoir été rapatriée suite à une lourde chute qui l’a immobilisée deux mois (clavicule explosée et cinq côtes cassées).
L’ACCUEIL MUSULMAN
Rentré dans les Deux-Sèvres, en décembre dernier, le couple a pris le temps de digérer les souvenirs accumulés et de trier toutes les images qui défilent encore dans leur tête. C’est de tout cela dont ils vont parler ce vendredi soir avec tout le recul nécessaire pour essayer de faire comprendre qu’il est encore possible d’effectuer de vrais voyages, en privilégiant l’accueil chez l’habitant. Chose aisée dès que l’on entre dans les pays musulmans, à partir de l’Albanie… Parce que « musulman rime avec accueil, autant par tradition que par devoir », dit André Groult. Voilà qui va bien à l’encontre des idées reçues et des images véhiculées par les médias qui créent ce sentiment de peur perpétuelle régissant désormais notre monde occidental. « Une fois passé l’Italie, pays froid parce que trop riche, nous avons toujours été bien accueillis par des gens de toute catégorie sociale, de l’ouvrier au chef d’entreprise ». Y compris en Afghanistan, un pays absolument magnifique, où il faut toutefois prendre quelques précautions et rester sur les routes sécurisées.
DE L’ALASKA A LA TERRE DE FEU
Effectuer un tel périple à vélo, avec parfois l’ascension de cols d’altitude jusqu’à plus de 4000 m, impose d’être en bonne forme physique. Mais André Groult et Frédérique Crochart ne parlent pas d’exploit sportif : « on a le temps de s’adapter ». De toute façon l’important n’est pas là, l’un et l’autre préférant parler des gens qu’ils ont rencontrés, pas des présidents de la république, des gens tout simplement. Toujours contents d’accueillir et d’échanger… Sur la façon de fabriquer le pain, par exemple. Façon de faire vivre le levain qui est en eux et qui les emmènera sur d’autres chemins. Ils parlent maintenant de traverser les Amériques, du Nord au Sud, de l’Alaska à la Terre de feu.- Philippe VINCENT-CHAISSAC / VOTRE INFO
Rencontre avec André et Frédérique, en partenariat avec la municipalité. Vendredi 2 juin à 19h, salle polyvalente. Entrée gratuite.
Vous pouvez retrouver André et Frédérique sur internet pour leur voyage aux États-Unis, en cliquant ici